Roman publié en 1954 par Gallimard

L'histoire :

Celle d'un couple tourmenté, torturé par la vie. Christian est à la fois un aventurier et un amoureux terriblement déçu, Valérie est quant à elle et victime, et coupable. Un polar sur fond de toile de vie portuaire et de traffics divers.

"L'opium plutôt que le cognac ? L'un n'empêche pas l'autre, l'un pour l'aller, l'autre pour le retour".

Les personnages :

Ils sont nombreux, dans un roman qui s'intéresse avant tout aux sentiments humains.

Christian, le personnage principal, est un anti-héros, un être égaré, décalé, qui ne cherche même plus le bonheur dans un monde qu'il ne comprend pas. Fils d'un père ivrogne et violent et d'une mère soumise, c'est aussi un gigolo introduit trop tôt à la vie adulte.

Toutes les blessures de Valérie, l'aimée de Christian, n'ont pas cicatrisé et c'est en partie ce qui ronge leur relation.

D'autres personnages se reflètent comme Nine, la patronne de bar qui, comme Valérie, aurait voulu être patronne de bar ou Walter, le capitaine manchot, comme le père de Christian, dont le handicap physique est un peu à l'image de son idéal de liberté.

Passages :

"Les mouettes volaient. L'odeur de la mer imprégnait la bruine. Ma joie la plus vive, c'était de déceler, d'imaginer cette présence de la mer. Les jours de brume, surtout, quand le dessin du mode disparaissait, je croyais la sentir battre à mes pieds. Le seul mot d'estuaire m'apparaissait magique. Estuaire... Aventure du fleuve qui rencontre enfin la mer. Il arrive de loin, alourdi de la boue des villes, des salissures des usines, et voilà qu'il atteint ce flot où il se lave. L'alluvion se dépose et devient prairie ; la laideur se fait richesse. Renouvelée, cette eau même, c'est celle que l'on voit ruisseler, transparente, sur les sables de lointaines plages."

"-Sacré temps... dit-il.
- Vous étiez là-dedans ? demanda le douanier en désignant la brume.
- Y a pas de brume en mer, dit Quidel. Rien qu'un bouchon sur l'avant port.
- Ah !... dit le douanier.
- Oh ! Ça va se lever... dit Quidel avec philosophie. Et il passa devant.
Gus mit pied sur le quai, puis Valérie, et moi le dernier.
- Mais vous étiez toute une délégation dit le le douanier, stupéfait.
Comme s'il se cachait de nous, Quidel cligna de l'oeil, frotta son pouce sur son index et dit du ton de l'innocence :
- Ces messieurs-dame voulaient voir comment c'était, la mer, la nuit."




Grand Quai

Matin

L'Estuaire

La Petite Chanson

La nuit du havre

Femmes de Groix

Reflets dans un Canal

Groix-Paris 1940


Lettres de Groix...





















L'Estuaire