Chants de marins

Ce ne sont pas forcément les plus connues, et il peut y avoir des erreurs :

LA CHANSON DES ADIEUX
LE PONT DE MORLAIX
C'EST JEAN-FRANÇOIS DE NANTES
LE MAITRE A BORD
LE FORBAN
BRAVE MARIN
LA COMPLAINTE DE JEAN QUEMENEUR
LA TRAMONTANE
CHANTONS POUR PASSER LE TEMPS
FANNY DE LANINON
LA CARMELINE
LA DANAE
LE CORSAIRE LE GRAND COUREUR
LA GALERE
LE PORT DE TACOMA
QUINZE MARINS
HARDI LES GARS !
SUR LA ROUTE DE SAN FRANCISCO
ET LE PREMIER
LE 31 DU MOIS D'AOUT
PASSANT PAR PARIS
LES TROIS MARINS DE GROIX

LA CHANSON DES ADIEUX

Adieu cher camarade, adieu, faut nous quitter
Faut quitter la bamboche à bord il faut aller
En arrivant à bord, en montant la coupée
D'vant l'officier de quart [faudra se présenter]

Ah ! qu'elle est dure et triste la vie des matelots
On couche sur la dure, on ne voit que de l'eau
On couche sur la dure, sur de vieux lits de camp
On fait triste figure [quand on n'a pas d'argent]

Jours de fête et dimanches il nous faut travailler
Comme les bêtes de somme qui sont chez nos fermiers
Pour ration des gourganes, des biscuits pleins de vers
Le quart de vin en bas et [la nuit les pieds aux fers]

Et vous jeunes fillettes qui avez des amants
Bourlinguant tout là-bas à bord des bâtiments
Ah ! soyez leurs fidèles, gardez bien votre cour
A ces marins modèles [qui ont tant de malheurs!]

Et toi ma pauvre mère qu'as-tu fait de ton fils
Marin c'est la misère, marin c'est trop souffrir
J'ai encore un p'tit frère qui dort dans son berceau
Je t'en supplie ma mère [n'en fais pas un mat'lot]

Et si je me marie et que j'ai des enfants
Je leur bris'rai les membres avant qu'ils ne soient grands
Je ferai mon possible pour leur avoir du pain
Le restant de ma vie [pour qu'ils n'soient pas marins]

LE PONT DE MORLAIX

C'est en passant sul' pont de Morlaix
Oh lo Oué la belle oh lo oué
La belle Hélène j'ai rencontrée
Oh lo Oué la belle oh lo oué

Bien humblement je l'ai saluée
D'un doux sourire elle m'a r'mercié

Mais j'ai bien vu qu'c'est charité
Car c'est une dame de qualité

C'est la fille de cap'taine nantais
A matelot ne s'ra jamais

Pour nous sont les garces du quai
Qui volent, qui mentent qui font tuer

Je n'étale plus j'va tout larguer
J'va faire mon trou dans la salée

Matelots mon cour est embrumé
Buvons quand même à sa beauté

Encore un coup pour étarquer
Hisse le grand foc tout est payé

C'EST JEAN-FRANÇOIS DE NANTES

C'est Jean-François de Nantes,
Oué, oué, oué
Gabier sur la Fringante
Oh mes boués,
Jean-François !

Débarqu'en fin d'campagne
Fier comme un roi d'Espagne

En vrac dedans sa bourse
Il a vingt mois de course

Une montre, une chaîne
Valant une baleine

Branle-bas chez son hôtesse
Caramboles et largesses

La plus belle servante
L'emmène dans sa soupente

De concert avec elle
Navigue sur mer belle

Montre et chaîne s'envolent
Mais il prend la vérole

A l'hôpital de Nantes
Jean-François se lamente

Et les draps de sa couche
Déchire avec sa bouche

Il ferait de la peine
Même à son capitaine

Pauvr' Jean-François de Nantes
Gabier sur la Fringante

LE MAITRE A BORD

Eh quoi les matelots
Vous avez tous la frousse
Eh oui je le sais bien
Il est vieux mon trois mats
Mais il me faut douze hommes
Un capitaine un mousse
Qui le ramèneront
Vers le Guatemala
Alors pendant ce temps
Il cherche un équipage
Contraint de le former
De marins d'occasion
Vagabonds sans aveux
Ont certains tatouages
Affichent l'anarchie
Et la révolution

Mais lui le Malabar
Lui qui n'a peur de rien
Leur dit je vous préviens:
Je suis le maître à bord
A bord je suis le maître
Bien des costauds des forts
Ont du le reconnaître
Je vous promets moi commandant
Double ration, bon vin, bonne goutte
Je serai juste et indulgent
Mais il faudra que l'on m'écoute
Et maintenant le cap au Nord
Je suis le maître à bord

Pendant quarante jours
Le navire est en route
Les vents sont contre lui
Le mauvais temps aussi
Et bientôt plus de vivres
Et plus d'eau dans les soutes
On sent que la révolte
Est à bord et grandit
S'avançant dans la nuit
Quatre hommes fous de rage
Vont l'insulte à la bouche
Le couteau à la main
Parler au capitaine
Au nom de l'équipage
Il faut que tu nous donne
Des biscuits et du vin

Mais lui le malabar
Leur dit voyez là-bas
Voyez briller ce phare
C'est le Guatemala
Je suis le maître à bord
Ce soir, demain peut-être
Nous toucherons au port
Vous serez vite à terre
Oui mais ici mille sabords
Je ne veux pas la moindre riposte
Je materai tous les plus forts
Que chacun regagne son poste
Sur tous j'ai droit de vie, de mort
Je suis le maître à bord

Mais la brise a fraîchi
Ballotté par la houle
Le trois mats va tanguant
Sous la force des vents
De tribord à bâbord
Il va il vient il roule
Qu'on me donne la barre
A dit le commandant
Bientôt c'est l'ouragan
On ne voit plus le phare
Et les flots furieux
Emportent un marin
Devinant le naufrage
Alors le malabar s'écrie
Sauve qui peut !

Les canots tous à la mer
Que Dieu veille sur vous
Et tous les matelots crient:
Venez avec nous !
Non...Je suis le maître à bord
Je dois le reconnaître
Mes droits de mort de fort
Me font parler en maître
Mais le devoir commande encore
L'honneur au pied du mat d'misaine
Tu ne dois pas quitter ton poste
C'est le devoir du capitaine
Et maintenant face à la mort
Je suis le maître à bord

LE FORBAN

A moi forban que m'importent la gloire
Les lois du monde et qu'importe la mort
Sur l'Océan j'ai planté ma victoire
Et bois mon vin dans une coupe d'or
Vivre d'orgies est ma seule espérance
Le seul bonheur que j'ai su conquérir
C'est sur les flots qu'j'ai passé mon enfance
C'est sur les flots qu'un forban doit mourir

Vins qui pétillent
Femme gentille
Sous tes baisers brûlants d'amour
Plaisirs batailles
Vive la canaille
Je bois je chante et je tue tour à tour

Peut?être au mât d'une barque étrangère
Mon corps un jour servira d'étendard
Et tout mon sang rougira la galère
Aujourd'hui fête et demain le hasard
Allons esclave allons debout mon brave
Buvons le vin et la vie à grands pots
Aujourd'hui fête et puis demain peut?être
Ma tête ira s'engloutir dans les flots

Peut être un jour par un coup de fortune
Je capturerais l'or d'un galion
Riche à pouvoir vous acheter la lune
Je m'en irai vers d'autres horizons
La respecté tout comme un gentilhomme
Moi qui ne suis qu'un forban qu'un bandit
Je pourrai comme le fils d'un roi tout comme
Mourir peut-être dedans un bon lit

BRAVE MARIN

Brave marin revient de guerre
Tout doux,
Tout mal chaussé tout mal vêtu
Brave marin d'où reviens?tu ?
Tout, doux...

Madame je reviens de guerre
Qu'on apporte ici le vin blanc
Que le marin boive en passant

Pauvre marin se mit à boire
Se mit à boire et à chanter
Et la belle hôtesse à pleurer

Qu'avez-vous donc dame l'hôtesse
Regrettez-vous votre vin blanc
Que le marin boit en passant ?

C'est pas mon vin que je regrette
Mais c'est la mort de mon mari
Monsieur, vous ressemblez à lui !

Ah dites-moi la belle hôtesse
Vous aviez de lui trois enfants
En voilà quatre?z?à présent !

On m'a donné de ses nouvelles
Qu'il était mort et enterré
Et je me suis remariée

Pauvre marin vida son verre
Sans remercier, tout en pleurant
S'en retourne à son bâtiment

LA CARMELINE
 
Je croyais en m'embarquant
A bord d'la Carméline
Faire un voyage d'agrément
Depuis Nantes jusqu'en Chine
Mais je me suis foutu dedans
La barque n'est qu'une sapine
Mais je me suis foutu d'dans
La barque n'est qu'un vieux sampan
Le second c'est un couillon
Le lieutenant une canaille
Le Bosco c'est un grand con
L'grand mât bouffe d'la volaille
Il s'ballade comme un morpion
Sur l'arrière d'la sapine
Il s'ballade comme un morpion
Sur l'arrière du vieux ponton
 
Nous n'étions qu'six bons matelots
Sur vingt hommes d'équipage
Tout l'restant des ostrogoths
Just'bons pour faire l'lavage
Quand il faut grimper là?haut
A nous de faire le singe
Quand il faut grimper là?haut
C'est à nous d'faire le boulot
 
Le matin dès le branle?bas
Sitôt après l'appel
Le second nous dit les gars
Faut tourner la manivelle
Pompe pompe pompe donc
Pour vider la sapine
Pompe pompe pompe donc
Pour assécher le ponton
 
Et dès qu'ça s'met à fraîchir
Attrape à serrer la toile
Et dès qu'ça s'met à mollir
En haut à larguer les voiles
Vire vire vire donc
Au cabestan d'la sapine
Vire vire vire donc
Au cabestan du vieux ponton
 
Des fayots qui ne cuisent pas
Du lard qui sent la poubelle
Voilà ce qu'à tous les r'pas
On trouve dans la gamelle
Pas d'pinard dans les bidons
D'la flotte sur la sapine
Pas d'pinard dans les bidons
De la flotte sur le ponton
 
Et quand on est d'quart en bas
On peut s'taper pour dormir
Les punaises les cancrelats
Vous asticotent le cuir
Gratte gratte gratte-toi donc
La nuit sur la sapine
Gratte gratte gratte-toi donc
Toute la nuit sur le ponton
 
En arrivant à Saigon
Nous descendons tous à terre
Nous rencontrons le second
Qui dit d'un air sévère
Vous avez sans permission
Déserté la sapine
Vous avez sans permission
Abandonné le ponton
 
Nous voilà partis en bringue
Avec l'carré à nos trousses
Nous rattrape dans un bastringue
Nous colle à la carabousse
Après une nuit au violon
Rentrons sur la sapine
Après une nuit au violon
Faut rentrer sur le ponton
 
Et l'grand mât nous dit comme ça
Chuis forcé d'vous punir
J'vous colle quinze jours de cagebas
Pour vous apprendre à courir
Mais le consul de Canton
Visite la sapine
Mais le consul de Canton
Vient visiter le ponton
 
Et l'consul nous dit comme ça
Enfants faut prendre courage
Graciés les jours de cagebas
Promettez d'être sages
Oui consul nous promettons
De ramener la sapine
Oui consul nous promettons
De ramener le vieux ponton
 
A force de bouffer du riz
Qu'est bon pour les Annamites
Nous v'là pris d'Béri?Béri
Dans l'milieu du Pacifique
Ah quel boulot mes garçons
Pour ramener la sapine
Ah quel boulot mes garçons
Pour ramener le vieux ponton
 
Nous v'là d'retour au pays
Oublions nos misères
Buvons un coup mes amis
Patron versez à boire
Quand on aura plus d'pognon
On cherchera une autre sapine
Quand on aura plus d'pognon
On cherchera un aut' ponton
 
Cui?là qu'a fait la chanson
C'est un ancien d'la voile
Un gars du pays breton
Sacré torcheur de toile
Remplissez son boujaron
Surtout pas d'la bibine
Remplissez son boujaron
Avec du raide et du bon
  
LA DANAE
 
L'était une frégate
Lon la lon la
C'était la Danaë
 
A prendre un ris
Dans les basses voiles
C'était la Danaë
A prendre un ris
Dans les huniers
 
A son premier voyage
La frégate a sombré
 
Seul de tout l'équipage
Un gabier s'a sauvé
 
Il aborde sur la plage
Il savait bien nager
 
Mais là sur le rivage
Une belle éplorée
 
Belle comme une frégate
Bretonne et pavoisée
 
Pourquoi pleurer la belle
Pourquoi si tant pleurer
 
Je pleure mon pucelage
Dans la mer qu'est tombé
 
Mais qu'aurait donc la belle
Celui qui vous l'rendrait
 
Lui en ferait offrande
Avec mon amitié
 
A la première plonge
Gabier n'a rien trouvé
 
A la centième plonge
Le pauvre s'a noyé
 
Car jamais pucelage
Perdu n'est retrouvé
 
LE CORSAIRE LE GRAND COUREUR
 
Le corsaire le grand coureur
Est un navire de malheur
Quand il se met en croisière
Pour aller chasser l'Anglais
Le vent la mer et la guerre
Tournent contre le Français
Allons les gars gai, gai !...
 
 
Il est parti de Lorient
Avec belle mer et bon vent
Il cinglait bâbord amures
Naviguant comme un poisson
Un grain tombe sur la mâture
Voilà l'corsaire en ponton !
 
Il nous fallut remâter
Et bougrement relinguer
Tandis que l'ouvrage avance
On signale par tribord
Un navire d'apparence
A mantelets de sabords
 
C'était un Anglais vraiment
A double rangée de dents
Un marchand de mort subite
Mais le Français n'a pas peur
Au lieu de brasser en fuite
Nous le rangeons à l'honneur
 
Ses boulets pleuvent sur nous
Nous lui rendons coup sur coup
Tandis que la barbe en fume
A nos braves matelots
Dans un gros bouchon de brume
Il mous échappe aussitôt
 
Nos prises au bout de six mois
On pu se monter à trois
Un navire plein de patates
Plus qu'à moitié chaviré
Un deuxième de savates
Le troisième de fumier
 
Pour nous refaire des combats
Nous avions à nos repas
Des gourganes et du lard rance
Du vinaigre au lieu de vin
Du biscuit pourri d'avance
Et du camphre le matin !
 
Pour finir ce triste sort
Nous venons périr au port !
Dans cette affreuse misère
Que chacun s'a vu perdu
Chacun selon sa manière
S'a sauvé comme il a pu
 
Si l'histoire du Grand Coureur
A pu vous toucher le cour
Faites?nous belle manière
Et payez?nous largement
Du vin, du rack, de la bière
Et nous serons tous contents.
 
 
LA GALERE
 
Nos mains calleuses et noires
S'usent dessus le bois
Il n'y a plus d'espoir
Sans doute, mais pour moi
 
Je plongerai de la galère
Ferai mon trou dans l'Océan
Quand j'irai revoir ma mère
Qui depuis tant d'années m'attend
 
Nous peinons sur les avirons
Le bois nous écorche les os
Qu'importe si nous débarquons
La bamboche est pour les sacos
 
Et si l'cap'taine un beau jour
Nous dit c'est fini pour toujours
C'est pour tomber dans la misère
Sitôt près débarqués à terre.
 
LE PORT DE TACOMA
 
C'est dans la cale qu'on met l'tafia
Ou la, la ou la
C'est dans la cale qu'on met l'tafia
Ou la ou la la
 
Pare à virer les gars faut s'déhaler
On s'reposera quand on arrivera
Dans l'port de Tacoma
 
C'est dans la pipe qu'on met l'tabac
 
C'est dans la cale qu'il y a les rats
 
Mais une femme ça s'met dans les bras
 
LA COMPLAINTE DE JEAN QUEMENEUR

Il s'appelait Jean Quemeneur
Il était l'fils d'une demi-soeur
A la fameuse madame Larreur
La grande Hortense
Celle qui tenait un caboulot
Aux gars d'Dinard et d'Saint Malo
A recouvrance

Sa mère était une Kermarec
Vous savez bien d'Lambezelec
Une grosse puant du bec
Qui n'eut pas d'chance
Avec Jean son premier mari
Bon garçon, mais faible d'esprit
Qui dans son grenier se pendit
  A recouvrance
 
Z'étaient parents aux Kervelas
Vous avez connu ces gens là
Qui faisaient tant de Tralala
Et d'manigances
Portant voilettes et grands chapeaux
Qu'on aurait cru ou peu s'en faut
Qu'ça fréquentait les amiraux
  A recouvrance
 
Son père était pompier au port
Travaillant dur mais gagnant fort
Et jamais content de son sort
Combien l'on pense
Avec sa pipe et son fanal
Il se promenait dans l'arsenal
Du point du jour au .........
  A recouvrance
 
C'est par une nuit qu'il vit le jour
Au treize de la rue de la Tour
Il faisait noir comme dans un four
Et pas de chance
Avec ça un vrai temps d'canard
D'la pluie du vent et d'la brouillard
C'est c'qui mis la sage femme en r'tard
 
Mais le malheur vint qui l'eut cru
Son père alors qu'il était bu
Tomba sur sa tête et mourut
Sans connaissance
Sa mère alors eut c'mot touchant
Gast ! me voilà veuve à présent
J'aurais plus d'père pour mon enfant
 
Puis sa mère mourut à son tour
Toujours au Treize d'la rue d'la Tour
Mais sa tante Yvonne Marcalot
Qu'avait d'l'aisance
Et du cour autant que d'argent
Jura le soir de l'enterrement
De veiller sur le petit Jean
 
 Comme tous les petits enfants
Il eut la cocotte à .....
Et la toque pendant que'que temps
Bref son enfance
Fut celle de tous les moutards
Illégitimes ou bien bâtards
Qu'on voit courir sur les remparts
 
L'enfant grandi quand il fut grand
Travailleur et intelligent
Il voulu faire un vétéran
Ici commence
L'histoire de ses amours avec
Marie-Madeleine Poulaouec
La nièce de Jean François Cussec
 
Elle était jolie comme un cour
Il l'épousa fou de bonheur
En notre église de Saint Sauveur
Ah quelle bombance
Que de Gaieté et que d'entrain
Jusqu'à trois heures l'lendemain matin
Dans les salon du p'tit jardin
 
Mais v'là qu'à quelques jours de d'là
Sa femme légitime le trompa
Avec un second maître calfat
Plein de prestance
Un sergent major, un fourrier
Un commis du port un pompier
L'agent d'cocagne et tout l'quartier
 
Et v'là?t?y pas qu'à Kervallon
Femme sans cour et sans raison
Elle fit 'un quartier maître clairon
La connaissance
Ils s'en allèrent bras d'ssus bras d'sous
Au pardon d'la chapelle Jésus
Depuis on n'les a plus revus
 
Le pauvre mari pour oublier
Se mit à boire à s'arsouiller
Dans tous les bistrots du quartier
A l'Espérance
Au débit d'la mère Pouligat
Et même au retour du Tonkin
On n'voyait qu'lui soir et matin
 
Mais un soir qu'il ventait très fort
Roulant de tribord à bâbord
Il finit par le fond du port
Son existence
Ayant voulu le pauvre garçon
Aidé d'son ami Kerouanton
Larguer l'amarre du petit pont
 
 
LA TRAMONTANE
 
Je n'irai jamais à la pêche
Parce que je suis un peu boiteux
Ce n'est pourtant ce qui m'empêche
D'aimer la mer comme mes yeux
Lorsque j'y pense mon cour chavire
Je n'aurai jamais mon bateau
Je taille des petits navires
Dans du liège avec mon couteau
 
Et pourtant, je suis content, quand on entend
Chanter une sardane
Je suis content, quand on entend crier le goéland
Je suis content quand on entend souffler la tramontane
Je suis content, quand on entend souffler le vent longtemps (dans les haubans)
 
Peut-être qu'un jour de tempête
Nul ne pourra sortir du port
Ce sera pour moi jour de fête
Je resterai tout seul à bord
Si par hasard je fais naufrage
Le filet sera mon linceul
Pas de canot de sauvetage
Jusqu'au bout je veux rester seul

CHANTONS POUR PASSER LE TEMPS
 
Chantons pour passer le temps
Les amours jolies d'une belle fille
Chantons pour passer le temps
Les amours jolies d'une fille de quinze ans
Aussitôt qu'elle fut promise
Aussitôt elle changea de mise
Et prit l'habit de matelot
Et vint s'embarquer à bord du navire
Et prit l'habit de matelot
Et vint à bord du vaisseau
 
Le capitaine du bâtiment
Etait enchanté d'un si beau jeune homme
Le capitaine du bâtiment
Le fit appeler sur l'gaillard d'avant
Beau matelot ton joli visage
Tes beaux yeux, ton joli corsage
Me font souvent me rappeler
A une beauté que j'ai tant aimée
Me font souvent me rappeler
A une beauté du port de Lorient
 
Monsieur vous vous moquez de moi
Vous me badinez, vous me faites rire
Je n'ai ni frère ni parent
Et ne suis pas née au port de Lorient
Je suis née à la Martinique
Et même je suis enfant unique
Et c'est un navire hollandais
Qui m'a débarquée au port de Boulogne
Et c'est un navire hollandais
Qui m'a débarquée au port de Calais
 
Ils ont ainsi vécu sept ans
Sur le même bateau sans se reconnaître
Ils ont ainsi vécu sept ans
Se sont reconnus au débarquement
Puisqu'enfin l'amour nous rassemble
Nous allons nous marier ensemble
L'argent que nous avons gagné
Il nous servira pour notre ménage
L'argent que nous avons gagné
Il nous servira pour notre foyer
 
Çui?là qu'il a fait la chanson
C'est le gars camus gabier de misaine
Çui?là qu'il a fait la chanson
C'est le gars camus gabier d'artimon
Oh matelot faut hisser la toile
Au cabestan faut qu'tout l'monde y soit
Et vire et vire et vire donc
Sans ça t'auras pas d'vin dans ta gamelle
Et vire et vire et vire donc
Sans ça t'auras pas d'vin dans ton bidon !
 
 
FANNY DE LANINON
 
A l'aube  sous le quai Gueydon,
Près du petit pont
Chantait la chanson
Le branle?bas de la croisière
Et dans sa blanche baleinière,
Jean Bouin, notre brigadier,
Son bonnet capelé
Un peu sur l'côté
Me rappelle mon bâtiment,
C'était le bon temps,
Celui d'mes vingt ans
 
Le Bidel capitaine d'armes
Et son cahier d'punis,
Dans la Cayenne f'sait du charme
A moi n'sais quelle souris.
Mais j'ai dans l'coeur une souffrance
Quand le quartier maître clairon
Sonnait d'en haut d'Recouvrance
Aux filles de Laninon
 
La plus belle de Laninon
Fanny Kersauzon
M'offrit un bonbon,
Un bonbon de fantaisie,
C'était elle ma bonne amie,
Elle fréquentait un bistrot
Rempli de mat'lots
En face du dépôt
Quand je pense à mes plaisirs
J'aime mieux m'étourdir
Que d'me souvenir
 
Ah Fanny de Recouvrance,
J'aimais tes yeux malins
Quand ton geste plein d'élégance
Balançait des marsouins.
Je n'étais pas d'la Maistrance
Mais j'avais l'atout en main
Et tu v'nais m'voir le dimanche,
Sur le Duguay Trouin.
 
A c't'heure, je suis retraité
Maître timonier
Aux ponts et chaussés
Je suis au service des phares
Et j'écoute la fanfare
De la mer en son tourment
D'Molène à Ouessant
Quand souffle le vent
Tonnerre de Brest est tombé
Pas du bon côté
Tout s'est écroulé 
 
A c'qui reste de Recouvrance
J'logerais pas un saco
Et Fanny ma connaissance
Est morte dans son bistrot
J'n'ai plus rien en survivance
Et quand je bois un coup d'trop
Je sais que ma dernière chance
Ce s'ra d'faire mon trou dans l'eau
 
  
QUINZE MARINS
 
Quinze  marins sur la bahut du bord
Yop la Hoo - une bouteille de rhum !
A boire et l'diable avait réglé leur sort
Yop la Hoo - une bouteille de rhum !
 
John Long Silver a pris le commandement
Des marins, et vogue la galère
Il tient ses hommes comme il tient le vent
Tout l'monde a peur de Long John Silver.
 
C'est Bill le second du corsaire
Le capitaine Flint en colère
Est revenu du royaume des morts
Pour hanter la cache au trésor.
 
Essaie un peu d'le contrecarrer
Et tu iras où tant d'autres sont allés
Quel'qu's uns aux vergues et quel'qu's un par d'ssus bord
Tout l'monde pour nourrir le poisson d'abord.
 
Tous nous finirons par danser la gigue
La corde au cou au quai des pendus
Toi John Forest et toi John Merwig
Si prés du gibet qu'j'en ai l'cou tordu
 
 
 
HARDI LES GARS !
 
Hardi les gars ! vire au guindeau,
Good bye, farewell !
Good bye, farewell !
Hardi les gars, adieu Bordeaux !
Hourra ! Oh ! Mexico !
Au Cap Horn, il ne fera pas chaud,
Haul away ! hé !
Ou latch'aller !
Pour faire la pêche au cachalot,
Hal'matelot, et ho?hisse et ho !
 
Plus d'un y laissera sa peau
Adieu misère, adieu bateau,
Et nous irons à Valparaiso
Où d'autres laisseront leurs os.
 
Ceux qui reviendront pavillon haut
C'est premier brin de matelot
Pour border ils seront tous à flot  
Bons pour la fille et le couteau
 
SUR LA ROUTE DE SAN FRANCISCO
 
Le sac sur l'épaule et la pipe au chapeau
Tiens bon, oh matelot
Faut monter à bord pour se remettre à flot
[Sur la route de San Francisco]
Tiens bon, oh matelot
Adieu la bamboche et les filles au sang chaud
[Sur la route de San Francisco]
 
Le vieux qui nous mène a du vice plein la peau
Il dresse les bordées à coups d'barre de guindeaux
Avec lui on s'ra toujours de quart en haut
 
Le jour comme la nuit faudra crocher l'morceau
Sur notre paillasse y'aura jamais d'repos
Mais on lui prouvera qu'on n'est pas des manchots
 
 
ET LE PREMIER
 
Et le premier c'est un marin
Il a toujours l'verre en main
La bouteille sur la table
Jamais il n'aura ma main
Pour être misérable
 
Et le deuxième c'est un barbu
Il est barbu par-devant
Et barbu par derrière
Jamais il n'aura ma main
Barbu de cette manière
 
Et le troisième c'est un bossu
Il est bossu par devant
Et bossu par derrière
Jamais il n'aura ma main
Bossu de cette manière
 
Le quatrième c'est un boiteux
Quand j'le vois venir de loin
Avec sa p'tite jambe courte
Jamais il n'aura ma main
Sa démarche me dégoûte
 
Et le cinquième c'est un sonneur
C'est lui qui aura ma main
Mon cour et ma boutique
Nous irons par les chemins
En jouant d'la musique
 
 
 
LE 31 DU MOIS D'AOUT
 
Le 31 du mois d'août
Je vis venir sous l'vent à nous
Une frégate d'Angleterre
Qui fendait la mer et les flots
C'était pour aller à Bordeaux
 
Buvons un coup, buvons en deux
A la santé des amoureux
A la santé du roi de France
Et merde pour le roi d'Angleterre
Qui nous a déclaré le guerre
 
Le commandant du bâtiment
Fit appeler son lieutenant
Lieutenant te sens tu capable
Dis moi te sens tu assez fort
Pour prendre l'Anglais à son bord
 
Le lieutenant fier et hardi
Lui répondit capitaine oui
Faites branle-bas à l'équipage
J'vas faire hisser not'pavillon
Qui rest'ra haut nous le jurons
 
Le maître donne un coup d'sifflet
Pour faire monter les deux bordées
Pour préparer pour l'abordage
Hardi gabiers, fiers matelots
Braves canonniers, mousses petiots
 
Vire lof pour lof en arrivant
Je l'abordions par son avant
A coups de hache et de grenade
De pique de sabre de mousqueton
En trois cinq sept je l'arrimions
 
Que dira?t?on du grand rafiot
A Brest à Londres et à Bordeaux
Qu'a laissé prendre son équipage
Par un corsaire de dix cannons
Lui qu'en avait trente et si bons !
 
 
 
PASSANT PAR PARIS
 
Passant par Paris                 ]
Vidant la bouteille               ]
Un de mes amis
Me dit à l'oreille
Bon, bon, bon :
Le bon vin m'endort
L'amour me réveille
Le bon vin m'endort
L'amour me réveille encore.
 
Un de mes amis                   ]
Me dit à l'oreille                   ]
Jean prend garde à toi
L'on courtise ta belle
 
Courtise qui voudra
Je me fous bien d'elle
 
J'ai eu de son cour
La fleur la plus belle
 
Dans un beau lit blanc
Garni de dentelle
 
J'ai eu trois enfants
Tous trois capitaines
 
L'un est à Bordeaux
L'autre à la Rochelle
 
L'troisième à Paris
Pilier de Bordel
 
Dès qu'il a cinq sous
S'en va voir les belles
 
LES TROIS MARINS DE GROIX
 
Nous étions deux, nous étions trois,
Nous étions trois marins de Groix
 
Embarqués sur le Saint-François
Mon matelot, mon mousse et moi.
 
Le mousse est allé pendre un ris
Un coup de mer l'aura surpris
 
On n'a retrouvé que son sabot
Son garde-pipe et son couteau
 
Sa pauvre mère s'en est allée
Pour prier Sainte Anne d'Auray...
 
Sainte Anne, rendez-moi mon garçon,
Il y a tant de peine à la maison !
 
Alors Sainte Anne lui répondit :
Tu le verras au Paradis !
 

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